
Les mariages précoces, en particulier ceux impliquant des enfants, restent un défi majeur dans de nombreuses communautés au Togo. Pour lutter contre ce fléau et promouvoir l'autonomisation des jeunes filles, l'ONG ALAFIA a lancé un projet ambitieux intitulé "Lutte contre les mariages précoces pour l'autonomisation de la jeune fille dans les sept préfectures de la région de la Kara". Dans le cadre de ce projet, plus de 150 chefs traditionnels et religieux des préfectures de Bassar, Doufelgou et Dankpen ont été récemment formés pour soutenir la lutte contre les mariages précoces et toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes, selon l'enquête à indicateurs multiples (MICS4), près de 37% des mariages forcés d'enfants ont été enregistrés dans les zones rurales au Togo, avec un taux encore plus élevé de 44,5% dans la région septentrionale du pays. Ces chiffres sont alarmants et indiquent un besoin urgent de sensibilisation et d'intervention pour protéger les droits des jeunes filles.
Le mariage précoce a des conséquences graves sur la vie des jeunes filles, les exposant à la servitude, à la pauvreté et à un avenir incertain. Malgré les interdictions légales et les efforts de la société civile et des organisations internationales, cette pratique perdure dans de nombreuses communautés, en grande partie en raison de contraintes sociales traditionnelles.
L'ONG ALAFIA, en partenariat avec l'AWDF (African Women's Development Fund), a élaboré un projet visant à sensibiliser, former et mobiliser les chefs traditionnels et religieux en faveur de la protection des jeunes filles. Les préfectures de Bassar, Doufelgou et Dankpen ont été identifiées comme des zones prioritaires en raison de leur taux élevé de mariages précoces.
Les objectifs de cette formation étaient clairs. Tout d'abord, il s'agissait d'amener les chefs traditionnels et religieux à identifier les pratiques traditionnelles néfastes qui constituent des formes de violence envers les femmes et les filles. Deuxièmement, ils ont été encouragés à soutenir activement la lutte contre le mariage forcé et toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles dans leurs communautés respectives.
La formation s'est déroulée en trois sessions, avec plus de 50 participants dans chaque préfecture. Les participants ont été exposés aux conséquences dévastatrices des mariages précoces et des pratiques traditionnelles néfastes sur les jeunes filles. Ils ont également été informés des lois nationales et internationales qui interdisent ces pratiques et protègent les droits des femmes et des enfants.
L'une des réalisations notables de cette formation a été l'élaboration d'une déclaration par les chefs traditionnels et religieux condamnant et punissant les actes de violence faites aux femmes et aux filles. Cette déclaration servira de base pour sensibiliser leurs communautés et encourager le changement.
Mme Tayey Adjoavi, la directrice exécutive de l'ONG ALAFIA, a exprimé sa satisfaction quant à la participation active des chefs traditionnels et religieux. Elle a souligné que leur rôle en tant que leaders d'opinion est crucial pour changer les mentalités et mettre fin aux pratiques néfastes.
En conclusion, cette formation marque un pas important dans la lutte contre les mariages précoces et les violences envers les femmes et les filles dans la région de la Kara. Les chefs traditionnels et religieux, désormais équipés de connaissances et d'outils, sont prêts à sensibiliser leurs communautés et à contribuer à un avenir meilleur pour les jeunes filles de la région.
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